La conciliation travail-famille

La conciliation travail-famille est un sujet d’actualité. Au Québec, en 2003, le pourcentage des mères avec un enfant de 2 ans et moins qui travaillaient à l’extérieur était de 72,9% alors qu’il était de 28.8% en 1976.[1] Il est donc normal que ce sujet touche une partie importante de la population.

 

Je n’apprends rien à personne en nommant qu’il est toujours ardu de concilier travail et famille. Le problème en soi n’est ni le travail ni la famille, mais de faire régner l’harmonie entre ces deux grands rôles. Effectivement, dès 1985, Greenhaus et Beutell définissaient la thématique travail-famille comme une forme de conflits entre les différents rôles occupés par la même personne. Ces conflits se présentent sous formes diverses. On retrouve le conflit de temps, le conflit de tension entre les rôles et le conflit de comportement.[2]

 

Tout d’abord, le manque de temps est assurément ce que plusieurs parents relatent comme difficulté. Le temps passé dans un rôle rend la personne non disponible pour s’investir dans un autre rôle. Après le travail rémunéré, le parent débute son deuxième boulot et vit un 5 à 7 effréné pour répondre aux besoins multiples de ses enfants. Le rapport que nous avons avec le temps affecte notre manière de vivre et de travailler; par le fait même, il affecte notre famille.[3]

 

Ensuite, vient le conflit entre les rôles. Par exemple, un parent ayant un enfant malade et qui a une réunion importante au bureau est tiraillé entre ces deux rôles. Doit-il rester à la maison avec son enfant ou encore aller travailler? Quel rôle doit-il prioriser?

 

Finalement, le conflit lié aux comportements s’explique par le fait que certaines caractéristiques sont valorisées sur le marché du travail, mais non dans la vie familiale. Par exemple, un patron d’entreprise se doit d’être autoritaire. Cependant, les membres de sa famille ne s’attendent pas à ce que ce dernier soit autoritaire avec eux. La personne doit donc modifier ses comportements tout dépendant du chapeau qu’il porte.

 

En plus de ces trois conflits généraux nommés dans les ouvrages de Greenhaus et Beutell, s’ajoutent d’autres facteurs qui rendent difficile la conciliation travail-famille. Parfois, des familles sont monoparentales et doivent gérer la conciliation travail-famille sans être soutenues par un conjoint. D’autres fois, des situations hors de contrôle peuvent aussi engendrer une conciliation travail-famille plus difficile. Par exemple, un enfant se blesse et le parent doit aller le chercher d’urgence à l’école. Sans compter que plusieurs souhaitent que leur couple soit épanoui, que leur famille soit heureuse, que leur maison soit sans poussière, que leur carrière soit réussie et par-dessus tout, souhaitent avoir un corps et une santé à toute épreuve. La société nous pousse vers la réussite et nous conduit directement vers un niveau de stress élevé. L’être humain qui accepte d’entrer dans ce moule se crée un stress. Cependant, en tant que parent, il est important de se questionner. Est-il réaliste de répondre à tous ses critères?  Est-il possible d’être parfait à toutes les sphères? Ne devrions-nous pas nous fixer des objectifs réalistes? Bref, une multitude de facteurs viennent jouer un rôle sur la conciliation travail-famille.

 

Existe-t-il des solutions miracles afin que les parents n’aient plus l’impression d’être surchargés, stressés et dépassés par les évènements? Malheureusement, la réponse est non. Toutefois, certains trucs peuvent alléger la tâche et faciliter la conciliation travail-famille.

 

Francine Ferland, ergothérapeute et professeur à l’Université de Montéral suggère de dresser la liste des activités faites au courant de la journée afin de les analyser. Quelles sont les activités obligatoires? Celles qui vous plaisent? Celles que vous pouvez éliminer? Est-ce que l’on peut faire un « Deux en un ». Par exemple, le parent a comme tâche de préparer le repas et veut passer du temps avec son enfant. Est-ce que l’enfant peut aider durant la préparation du repas et est-ce que l’adulte peut utiliser ce moment privilégié pour discuter avec son bambin?

 

En même temps, établissez vos priorités afin de mettre vos énergies aux bons endroits. Par exemple, est-il nécessaire de s’obstiner avec son enfant pendant 15 minutes pour qu’il mettre son chandail neuf? Doit-on nécessairement passer l’aspirateur tous les jours? Lorsque le ménage de vos activités sera fait, planifiez-les. Un horaire clair peut facilement devenir votre meilleur ami afin de sauver du temps.

 

De plus, essayer de modifier votre façon de voir les choses. Une attitude positive envers la vie comprend l’humour, qui est un très bon réducteur de stress.[4] Certains chercheurs se sont penchés sur la question de l’attitude à l’âge adulte en tentant de la définir et d’en déterminer l’utilité. Les conclusions tirées sont étonnantes. Il semble que les adultes qui présentent une attitude caractérisée par le plaisir et le sens de l’humour affichent une joie de vivre plus grande que ceux qui n’ont pas cette attitude. De plus, ces personnes ont plus de facilité à composer avec les difficultés.[5]

 

Une autre piste de solution serait d’aménager son environnement. Est-ce que les outils de cuisine les plus utilisés sont les plus accessibles? Devrait-on réaménager les tiroirs de la cuisine? Dans un autre ordre d’idées, apprenez à dire non. On veut plaire à tout le monde, on a peur de la réaction des autres. Toutefois, afin d’être efficace, il faut s’écouter.

 

En finalité, la conciliation travail-famille est et sera un combat pour tous les parents. Il est important de bien doser chaque rôle pour ne rien négliger et profiter du moment présent. La vie est un magnifique cadeau, il faut savoir en profiter.

 

Sophie Breton, ps.ed.
Agente de développement


[1]Conseil de la famille et de l’enfance. Rapport-2004-2005 sur la situation et les besoins des familles et des enfants- 5 bilans et perspectives :  www.cfe.gouv.qc.ca/publications/rapports.asp.

[2] Institut Nationale de la Santé publique du Québec (2005). La difficulté à concilier Travail-famille: ses impacts sur la santé physique et mentale des familles québécoises.

[3] Ferland, F. (2006). Pour parents débordés et en manque d’énergie, Les éditions du CHU Sainte-Justine.

[4] Ferland, F. (2006). Pour parents débordés et en manque d’énergie, Les éditions du CHU Sainte-Justine.

[5] Guitard, P., Ferland, F., Dutil, E. (2005). Toward a better understanding of playfulness in adults. OTJR : Occupation, Participation and health.

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