La persévérance
« La falaise »
Il tient de toutes ses forces une racine que la falaise lui offre, en dessous de ses pieds c’est le vide, 30 mètres de chute jusqu’à la grève. Avant de se retrouver dans cette position, il marchait tristement seul, très près du bord, une souche l’a fait trébucher et voilà maintenant qu’une racine le supporte. Ses bras tremblent, la force de ses mains diminue, la peur l’envahit. Personne ne l’a vu tomber, rares sont ceux qui s’aventurent à cet endroit. « Pourquoi je résiste? » Se demande-t-il. Une voix intérieure lui dit : « Go! Lâche pas, regarde autour de toi, cherche où t’accrocher, regarde pas dans le vide » et en même temps « lâche de toute façon tu vas tomber, tu peux rien faire ». Le choix est drastique, s’il essaie, il risque de tomber, s’il ne fait rien. Dans quelque secondes ses mains qui commencent sérieusement à être engourdies ne résisteront plus. Son corps lui semble figé par la peur, il doit faire un choix, prendre une décision rapidement. Prendre la décision de lâcher serait une question de secondes, à l’inverse, remonter va demander de longues minutes interminables où la volonté de vivre et la persévérance doivent triompher.
L’expérience de la persévérance
Bonne idée d’écrire sur la persévérance! Mais… Qu’est-ce que la persévérance? Google va m’en dire un peu plus. « Ben voyons donc » me suis-je dit, il n’y a rien à savoir sur la définition du mot, on la connaît tous. Me voilà devant le vide d’idée et en grande réflexion. Est-ce que présentement je persévère, je lâche ou je m’entête? Vraiment efficace, je viens de trouver un synonyme et un antonyme. Je m’imagine, à ce moment, devant une jeune fille de 14 ans avec un déficit d’attention, généralement en échec scolaire, avec des liens familiaux difficiles et qui, pour en rajouter, se fait rejeter par ses pairs à l’école, puis je lui parle de persévérance scolaire. Je perds systématiquement son attention, juste le mot est un échec pour elle. Ma réflexion m’a donc guidée jusqu’à l’expérience de la persévérance, comme la mienne et surtout celle des jeunes adultes sans diplôme avec qui je travaille. Jeunes adultes qui ont un vécu semblable à la jeune fille imaginée plus haut.
Alors, je vais donc m’asseoir avec mon groupe pour leur demander de l’aide. « Travailler en équipe pour avoir plus d’idées et pour se motiver », une des premières réponses obtenues. Finalement, je persévère, car j’ai trouvé un objectif à ma réflexion. « Il faut trouver une motivation ». Tout fait sens dans l’ici et maintenant, plus ils me répondent, plus les questions se bousculent dans ma tête. On la trouve où la persévérance? C’est à cette question que j’obtiens le plus de réponses. Spontanément une personne me répond : « J’aurais aimé avoir des parents pour me motiver et aussi m’aimer ». Ouverture, réalité, richesse des réponses, j’écoute et je note : « il faut d’abord croire en soi et pour ça, il faut qu’une personne croit en nous pour y arriver, après la persévérance peut exister », « en dedans de nous », « dans notre cœur », « dans ce qu’on aime », « dans notre personnalité », « dans notre volonté de changer », « dans nos choix ». Pourquoi la persévérance? « Ça sert à atteindre nos objectifs et à dépasser nos limites », « c’est pour s’améliorer et montrer qu’est ce que nous sommes capables de faire et ne pas lâcher ».
La persévérance semble avoir besoin d’être accompagnée d’amour, de motivateurs, de confiance en soi, d’objectifs, de volonté, et peut-être même, d’un peu de compétition. Bien que ce ne soit pas une recherche exhaustive sur le sujet, ça ne semble pas aussi simple que « tu dois persévérer ». Le combat semble se retrouver dans le désir de la finalité et surtout à l’intérieur de soi. Est-ce que l’intensité du désir pour l’objectif est l’unique force qui permet de persévérer? Quelle énergie intérieure pousse à poursuivre vers son but et quel autre l’arrête? Peut-être est-elle différente pour chaque personne. Inévitablement, c’est aussi un choix qui est probablement guidé par cette mystérieuse énergie. L’histoire de la falaise est un choix drastique à la vie, cependant toute décision, entre la persévérance ou l’abandon, va avoir inévitablement un impact dans la vie d’une personne et/ou d’une collectivité. La persévérance n’est pas le résultat final, mais plutôt le parcourt jusqu’à la finalité. À présent, où est rendu le jeune homme de la falaise? À vous de conclure!
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