Les jeunes au travail… de plus en plus jeunes.

Peut-être avez-vous lu l’article publié dans le soleil, samedi 3 mai 2014, ayant pour titre « travailler à l’aube de la puberté ». Nous sommes pour la plupart conscients que les jeunes de 16 à 24 ans sont de plus en plus nombreux à concilier travail et études. Toutefois, ce que révèle l’étude récente, publiée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail sur le travail des jeunes du secondaire et du collégial est plutôt surprenant. En effet, près d’un jeune sur deux âgé de 12 à 14 ans exerce un emploi rémunéré en cours d’année scolaire. Et lorsque l’on exclut les travaux d’entretien, le gardiennage et les emplois de camelot, le taux s’élève à 6 % chez les jeunes de 12 ans, à 9 % chez ceux de 13 ans et à 18 % chez les jeunes de 14 ans. Les pourcentages ne sont pas très élevés, mais ce qui est problématique, c’est l’intensité de leur travail qui est similaire à celle des élèves âgés de 15 à 19 ans. Ils sont presque aussi nombreux à travailler au moins à trois reprises pendant les jours de classe. Outre l’intensité du travail, ce qui peut poser problème pour des adolescents aussi jeunes, c’est le taux de stress relativement élevé qu’ils subissent en emploi, car il s’agit d’emplois pour lesquels des contraintes physiques (travail debout, soulever des charges, etc.) et organisationnelles (rapidité d’exécution, pression, peu d’autonomie, etc.) sont présentes. Lorsqu’on les questionne, les élèves qui occupent un emploi durant l’année scolaire ont une perception plus négative de leur état de santé général, des niveaux plus élevés de détresse psychologique ainsi que de fatigue. Ces contraintes de travail et l’intensité du travail ont aussi un impact négatif sur la réussite scolaire puisqu’ils sont plus susceptibles de s’endormir sur leur pupitre en classe et de ne pas faire leurs travaux scolaires en raison de la fatigue. Toutefois, probablement peu conscients des impacts que tout cela peut avoir sur eux, ils affirment majoritairement que leur travail rémunéré ne nuit pas à leurs études.

Or, il y a certainement des points positifs au travail : apprendre à mieux se connaitre, développer son autonomie, sa débrouillardise, son sens des responsabilités, etc. Néanmoins, on peut se demander s’il est vraiment profitable à un jeune de 12 ans de travailler pendant les jours de classe, et ce dans un emploi pouvant représenter des risques pour sa santé et sa sécurité. Car on le sait, les emplois atypiques et moins qualifiés sont généralement reconnus comme étant plus à risque de lésions professionnelles.

Mais la loi encadre le travail des enfants. Il faut savoir que « les jeunes âgés de moins de 14 ans peuvent travailler, après l’école ou la fin de semaine, s’ils obtiennent l’autorisation écrite de leurs parents ». De plus, « un employeur ne peut pas demander à un enfant un travail qui risque de nuire à son éducation, à sa santé ou à son développement physique ou moral ». Parents et employeurs ont donc un rôle à jouer lorsqu’il est question de la santé et de la réussite éducative des enfants. Pour notre part, en tant qu’organisme visant à favoriser une meilleure conciliation études-travail chez les jeunes, nous avons certainement un rôle de sensibilisation et d’éducation à jouer auprès de ces derniers. Prenant de plus en plus conscience de ce phénomène social qui prend de l’ampleur, nous n’y manquerons certainement pas.

Le travail des jeunes est-il une bonne chose? Oui, mais pas à n’importe quel prix. Il est important d’être vigilant, de limiter les heures effectuées de travail pendant la semaine et de ne pas dépasser 20 heures par semaine. C’est encore mieux lorsque l’employeur est conciliant et accepte de diminuer les heures en période d’examen. L’horaire de travail est aussi important : finir de travailler à 22h un soir de semaine lorsque l’on doit être à l’arrêt d’autobus à 7h15 le lendemain, ça peut devenir fatiguant. Pour ce qui est du travail chez les 12 à 14 ans, ça dépend beaucoup du type d’emploi occupé. Les recommandations énumérées plus haut s’appliquent bien évidemment, mais il faut aussi faire attention au stress et à la pression qu’un travail exigeant peut occasionner. Les contrats de gardiennage, les travaux d’entretien et les emplois de camelot demeurent des expériences valables de travail et adaptées pour les très jeunes.

Sources :

Auclair, J. Gaudreault, M. Laberge, L. Ledoux, E. « Jeunes du secondaire et du collégial qui cumulent études et travail : une enquête sur les conditions d’exercice du travail et le SST ». Montréal , IRST : Rapport R-795, mars 2014, http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/R-795.pdf .

Dion-Viens, D. « Travailler à l’aube de la puberté ». Le soleil, 3 mai 2014, http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201405/02/01-4763157-travailler-a-laube-de-la-puberte.php.