Les neurosciences et la prise de décision

Voici un titre qui peut susciter bien des questions. En effet, l’étude des neurosciences a participé à comprendre davantage comment se passe la prise de décision au niveau du cerveau.

Les découvertes d’Antonio R. Damasio sur le fonctionnement du cerveau et la prise de décision ont marqué de façon spectaculaire ce champ d’études des neurosciences. Il a avancé l’hypothèse des « marqueurs somatiques » pour expliquer comment nous prenons des décisions. Par exemple, vous trouvez une maison à votre goût mais l’hypothèque serait trop élevée pour votre budget. En vous visualisant dans une situation financière précaire, votre ventre se crispe. Vous décidez alors de chercher une autre résidence. Que s’est-il passé ? Un marqueur somatique vient de faire surface. Un marqueur somatique est une marque dans votre cerveau qui « oblige à faire attention au résultat néfaste que peut entraîner une action donnée, et fonctionne comme un signal d’alarme automatique : attention, il y a un danger à choisir l’option qui conduit à ce résultat. Ce signal peut vous permettre de rejeter immédiatement une action donnée et vous inciter à envisager d’autres alternatives».

Au début de sa carrière, Antonio R. Damasio était loin de se douter à quel point les émotions et le corps sensible interviennent dans la décision humaine. À l’opposé de Descartes (René Descartes, mathématicien, physicien et philosophe français du 17e siècle, auteur de la célèbre phrase : « Je pense, donc je suis »), il croit que le corps et l’esprit ne font qu’un, qu’on ne peut délibérer, raisonner, choisir sans faire référence à nos émotions et à notre état corporel.

Afin de comprendre ce qui se passe dans notre tête et notre corps lorsque l’on veut prendre une décision, comme par  exemple : « Où aller en vacances? » ou toute autre décision, il est important de savoir que nous avons 3 cerveaux. Les deux premiers sont très anciens : le cerveau reptilien (de 250 à 500 millions d’années), le cerveau limbique (de 60 à 150 millions d’années) et le néocortex (de 2 à 3 millions d’années) et chacun de ces cerveaux remplit des tâches précises.

Coupe latérale du cerveau :

3cerveaux[1]

  •  Le cerveau reptilien est responsable des fonctions vitales de notre organisme (respiration, rythme cardiaque, équilibre, etc.). Il  comprend le tronc cérébral, le cervelet, tout comme le cerveau d’un reptile.
  •  Le cerveau limbique est constitué de l’hippocampe, de l’amygdale et de l’hypothalamus et est le lieu de la mémoire et de nos émotions.
  •  Le cerveau néocortex est le siège de notre pensée, de notre langage, de notre imagination et de notre conscience. Il est composé de différents lobes (frontaux, pariétaux, temporaux, occipitaux) qui  sont chacun responsables de différentes activités mentales, et ce, de façon spécifiques et complémentaires.

Ces trois cerveaux travaillent de concert et sont donc étroitement liés les uns avec les autres. Monsieur Damasio a découvert que, lorsque nous prenons une décision, un circuit entre le lobe préfrontal et l’amygdale s’active. Le cerveau logique (néocortex) consulte le cerveau limbique (mémoire et émotions) pour établir un lien entre la situation actuelle et des situations passées. Il va chercher un contenu affectif avant de décider. Ainsi lors d’une décision, vos trois cerveaux établissent un dialogue entre votre raison, vos émotions et vos sensations viscérales. La raison ne peut être seule participante pour prendre des décisions. Les décisions demandent que l’on sente les choses « dans nos tripes » et que l’on prenne en considération nos expériences passées. La logique formelle à elle seule ne vous permettra jamais de choisir un conjoint ou un métier, ni de déterminer si vous pouvez faire confiance à quelqu’un.

La prise de décision analysée sous l’angle des neurosciences est, à ce jour, impressionnante et les chercheurs n’ont pas fini de nous surprendre.

 

Note : Les informations de ce texte sont tirées en totalité du livre « Sortir de l’indécision » de Isabelle Falardeau, M Ps.  Septembre Éditeur

Références :

Isabelle Falardeau, M Ps, Sortir de l’indécision , Sante-Foy, Septembre éditeur, 2007, 155 pages

A.R. Damasio, L’erreur de Descartes, Odile Jacob, 2001, page 305