Réflexion — appréhender la réussite autrement!

Notre structure sociale est organisée de manière à quantifier la réussite, ça prend une finalité, une note, une démonstration.  La réussite doit s’identifier, elle a besoin d’un Passeport pour se prouver. Qu’arrive-t-il si le passeport n’est plus à jour, à une faible évaluation, est abîmé, est perdu ou encore n’a jamais existé? Rien! Tout le cheminement parcouru avec les apprentissages réalisés reste invisible, dans un « angle mort  » ainsi qu’une partie de la personnalité. S’ensuit un discours négatif : « je ne vaux rien, je ne suis rien, je ne réussis rien !!! » Le message n’est pas aussi formel à l’interne, mais comment perceptible dans le langage corporel, dans la capacité de se réengager, dans la persévérance et dans la révélation de soi. Un échec généralisé!

Et si… il y avait eu un succès dans  » l’angle mort  » ? 

… Une superbe réussite personnelle, une première expérience d’engagement, une avancée en relation interpersonnelle, la découverte d’une passion, etc.  En l’absence d’un passeport valide, cette réussite reste invisible pour l’autre, ou pour soi si le processus est le nôtre. Puis dans un élan d’encouragement, « tu y arriveras la prochaine fois« . Ce souhait, bien qu’il soit positif, confirme l’échec du même coup et efface la réussite invisible.

Observer dans l’angle perdu et saisir ce qui s’est passé, ne permettrait-il pas de favoriser l’engagement, la persévérance et la réussite intégrale ? Peut-être même un passeport valide qui mènera plus loin qu’on l’aurait imaginé. Si la réponse se trouvait dans les attentes? Par exemple, se détourner des attentes demandées, lâcher prise un moment sur la finalité recherchée, sur le passeport obligé.

Selon moi, on se perd à coup sûr en suivant ce qui peut nous sembler la perfection. Pourquoi ne pas se tourner vers ce qui est vrai, l’angle mort? Que ce soit pour nous ou pour la personne accompagnée, la route sera peut-être cahoteuse, mais sera authentique et dirigée vers une réussite.

Geneviève Alexandre